Emile Blanc dit Mimile, ancien employé communal nous a quitté en juin 2020 .

Pour ceux qui ne l'ont pas connu , un article dédié à ce personnage exceptionnel peut être consulté sur ce site.

La municipalité de Marlieux , pour lui rendre hommage , a décidé de baptiser à son nom la place de l'église et une cérémonie a été organisée , associant la famille , les amis , les hospitaliers de Lourdes.

En fin d'après midi , en ce samedi 18 juin , sous une chaleur torride le Maire JP Grandjean , associé au Maire Honoraire Paul Michaud ont dévoilé la plaque apposée sur le bâtiment communal récemment rénové .

Ils ont prononcé l'un et l'autre quelques mots pour retracer la vie assez exceptionnelle de Mimile et monsieur Bouvier , au nom des hospitaliers de Lourdes a rapporté l'action d'Emile pendant de nombreuses années auprès des malades.

Un vin d'honneur a été servi sous le préau de l'école puis

Monsieur l'Abbé Friess a terminé la cérémonie par une messe en mémoire à ce Marliozard hors du commun

Hommage de Paul MICHAUD Maire Honoraire de Marlieux :

Je suis particulièrement heureux d’être parmi vous aujourd’hui pour inaugurer cette place par la pose d’une plaque dédiée à un Marliozard qui a rendu tant de services à la population au cours des cinquante dernières années : Mr Emile BLANC dit Mimile, Mimile pour tout le monde.

Il y a des années un journaliste avait interviewé Emile et avait titré son article « Emile, cantonnier philosophe » . Je pense que c’est le meilleur qualificatif pour Mimile : tout chez lui rappelait ce titre et comme DIOGENE il aurait pu vivre dans un tonneau en regardant le monde, même si lui ne refusait pas la société, bien au contraire.

 Force de la nature il aimait tous les temps, ni la pluie ni la neige ni le vent ne l’empêchait de se vêtir été comme hiver d’un short et d’un débardeur, toujours pieds nus dans ses sandales. De plus il dormait toujours avec la fenêtre ouverte sans chauffage.

Une de ses phrases favorites : « je suis presque toujours invité et je mange de tout », et il mangeait comme quatre …. Il ne disait jamais ton âge mais le temps qu’il restait jusqu'à ses 100 ans . Hélas la maladie l’a emporté avant cette limite.

J’ai eu la chance de l’avoir comme employé communal pendant tous mes mandats (31 ans) entre 1980 et 2008, mais pour lui il fallait l’appeler « cantonnier » . Travailleur infatigable, toujours dans le gros œuvre que ce soit le nettoyage des rues du village ,du cimetière, de l’utilisation de la salle polyvalente, des coups de mains à la mairie pour toutes les manifestations (élections ,apéritifs, matériel à ranger et bien d’autres choses) tout cela dans la plus grande convivialité. Il disait toujours « je ne travaille jamais , je m’occupe , je m’amuse avec les gens et la vie est belle , il y a toujours un bon côté dans la vie ».

Je ne peux pas terminer ce petit rappel de Mimile sans parler de son vélo, je devrais plutôt dire de ses vélos car il s’en fait voler plus d’un ! Mais il en trouvait toujours un nouveau que les gens ne voulaient plus. Ce vélo avec lequel on le voyait tous les jours dans le village et sur les routes de notre Dombes saluant tout le monde d’un grand geste de la main et s’arrêtant souvent pour discuter avec les « étrangers »,avec toujours cette philosophie : » j’aime dire bonjour aux gens et parler de tout et de rien avec eux » .

 Emile a été un exemple de bonne humeur, de gaité et de générosité.Il aimait rendre service et dans ses journées et même les nuits il avait toujours un jardin à bêcher, une pelouse à tondre, une haie à tailler et beaucoup d’autres petits travaux. Il trouvait aussi le temps de faire des vendanges dans le Beaujolais et aimait beaucoup cette parenthèse de septembre. Il allait surtout aider les personnes dépendantes et vivant seules : on pouvait le rencontrer de nuit quand il allait soigner ,aider , préparer le repas ou simplement les accompagner en leur tenant compagnie ou les veillant dans leur sommeil.

Je ne peux oublier qu’il était très pieux , aidant pour tout ce qui touchait l’église aussi bien sur le plan matériel , nettoyage , mise en route du chauffage , aide à Mr le curé, que sur le plan spirituel. De plus en Aout il ne manquait jamais le pèlerinage de Lourdes avec l’hospitalité du diocèse comme brancardier pendant une dizaine de jours .

Encore une phrase du « philosophe » : j’ai conduit des milliers de malade à la grotte célèbre mais je n’ai pas de mérite car je suis tout seul » (il signifiait par là qu’il n’embêtait pas sa famille , n’en ayant pas !)

Mimile, tu étais un sage : en conclusion je peux citer Voltaire avec Candide disant : il faut cultiver notre jardin c'est-à-dire savoir travailler pour être heureux et entretenir son bonheur. Ta sagesse t’ as conduit, sans connaitre Voltaire ,à la même conclusion. Mimile, c’était la moindre des choses d’écrire ton nom contre cette maison qui a été ton dernier domicile à Marlieux et tout le monde doit pouvoir se souvenir de tes bonnes paroles, de ta bonhomie et tout simplement de toi .

Hommage de Marcel BOUVIER

Président de l’Hospitalité Diocèse de Belley-Ars

Lorsque j’ai su par Monsieur Etienne POISSON, du diocèse, que votre commune avait décidé de rendre hommage à notre ami Emile BLANC, il m’est revenu cette phrase de Jean COCTEAU « Le vrai tombeau des morts, c’est le coeur des vivants ».
Si vous avez décidé de donner son nom à la place de votre église communale, c’est que la personne, la personnalité et même l’originalité d’Emile ont marqué durablement votre communauté ces dernières décennies.

 Pour notre hospitalité diocésaine de Lourdes, Emile était notre doyen. En 2019 cela faisait 60 ans qu’il venait chaque année à Lourdes soutenir malades, personnes en situation de handicap et personnes âgées. Il a fait plus de la moitié des pèlerinages diocésains.

 Je ne chercherai pas à être complet, mais pour nous, Emile c’était tout à la fois : - son sourire - sa bonté et sa douceur - son humilité - sa sobriété de vie, son détachement - et bien sûr, sa grande serviabilité. Et chacun d’entre nous sait à quelle source il puisait pour vivre ses valeurs personnelles. Il avait une foi profonde et une confiance au Christ et à la Vierge Marie. Quand il était à Lourdes, il aimait à être devant la grotte.

 En préparant ce petit mot, je relisais la prière de l’Hospitalier de Lourdes. Elle pourrait être de lui.

 PRIERE DE L’HOSPITALIER       Sanctifie, o Seigneur, comme chaque jour, le travail que je vais entreprendre en ton nom et accorde-moi la grâce de faire un peu de bien autour de moi. Sanctifie le réconfort que j’apporterai aux plus malheureux, par mes mains et par mes lèvres. Donne-moi, O Seigneur, d’être charitable, afin que je puisse me dévouer avec amour auprès des malades. Emplis mon coeur de bonté, afin que je ressente en moi-même les souffrances qui sont le lot de mes frères. Et que, de toutes mes forces, je leur apporte mon soutien. Donne-moi aussi une patience sans bornes, un coeur compatissant et généreux pour trouver, même aux moments de grande fatigue, la volonté de rendre visite, et d’assister le malade qui m’appelle. Donne-moi encore la pureté d’esprit afin que je reste toujours d’humeur égale, humble, tolérant et souriant. Accorde-moi la modestie, la discrétion et le courage. Jésus, fais que je puisse Te découvrir dans le malade que je suis prêt à aider. Que les moments passés à tes côtés pour lui être agréable, soient porteurs, pour lui et pour moi, de promesse de vie éternelle. Amen

En conclusion, ce soir, on aimerait tous avoir au fond de nous quelque chose d’Emile

Hommage de Jean-Paul GRANDJEAN Maire

Paul Michaud vient de rappeler les principales facettes de ce personnage étonnant que fut Emile Blanc , dit « Mimile.
Au nom de la Municipalité , je suis heureux de compléter ses propos et d’expliquer pourquoi l’on a décidé de donner le nom d’un brave « cantonnier » à une place du village. Ce n’est sans doute pas arrivé souvent.  Emile fut en effet un personnage hors du commun , une figure pour les Marliozard(e)s habitués à le voir sillonner le village , à pied ou en vélo , quel que soit l'heure ou la météo !

 Paul Michaud l’a souligné : avec son grand sourire ,ses attentions pour tous , sa disponibilité au service des personnes affaiblies ou dans le besoin , Mimile n' a eu de cesse de servir : dans ses fonctions de "cantonnier" du village pendant 30 ans bien sûr , et après sa retraite en prenant la charge du fonctionnement du silo de Cérégrain . En s’occupant de l'entretien de l'église et participant aux offices (c'est lui qui tirait sur la corde de la cloche avant l’automatisation !), et en donnant pendant de nombreuses années son aide aux malades à Lourdes. Sans parler de son dévouement pour les personnes en difficulté dans le village...

 Je l’ai connu dans la dernière période de sa vie , le retrouvant pratiquement tous les matins à la Mairie , au prétexte de "vider la corbeille à papier" mais surtout pour se replonger dans l'ambiance "communale". Il était souvent là pour suivre les conseils municipaux , et toujours présent pour les élections , se chargeant de conserver la clé de l'urne !

Très croyant , il n'a pas hésité un instant pour venir habiter en face de l'église , lorsque les premières difficultés à se mouvoir ont rendu pénible son habitation en étage. Il était au contact de sa "vraie" maison, l'église , et de la statue de la Vierge qu'il vénérait.

Pour toutes ces qualités , ces services , Mimile avait reçu en 2019 la Médaille d'Honneur du village et c'est quelque part une chance qu'il ait pu connaitre ce geste de reconnaissance si mérité. Il nous a quittés en effet bien tristement , en pleine crise sanitaire , dans un service hospitalier inaccessible…

 Marlieux ne t'oubliera pas , Mimile , et tu resteras dans le cœur de toutes et tous ceux qui t'ont connu.